Pour réaliser les membrures, plusieurs techniques sont possibles : on peut les découper dans du bois massif en forme (membrures sciées), utiliser du bois relativement souple - ou rendu tel après étuvage- et les ployer en forme (membrures ployées), ou encore les réaliser par lamellé-collé.
La pose des membrures peut avoir lieu avant la pose du bordé (c'est le cas en général pour les membrures sciées) ou après (cas des membrures ployées à la vapeur).
Dans notre cas, les membrures ont été fabriquées en lamellé collé et posées après le bordé. L'échantillonnage utilisé est celui recommandé par l'architecte dans son plan : 28 mm de droit et 27 de tour, ce qui m'a paru un peu fort (d'un point de vue purement esthétique, car je n'ai pas de compétence technique en la matière). C'est en tous cas nettement plus que les échantillonnages donnés par le même François Vivier dans son livre "construction bois - les techniques modernes". Je suppose qu'il a modifié ses recommandations. "Trop fort n'a jamais manqué", dit-on.
Pour un tour de 27 mm, il faut donc 9 lattes de 3 mm d'épaisseur. Les lattes sont réunies en faisceau, enduites d'époxy et enveloppées dans du film alimentaire. Une bande de ruban adhésif d'emballage les maintient ensemble tous les 20 cm environ. Elles sont ensuite vissées au bordé par des vis provisoires (il faut être deux pour cette étape : l'un maintient la membrure - sous tension - l'autre visse). Il est important de bien les positionner à l'endroit prévu par le plan (surtout si on utilise le kit fourni par Icarai : les cloisons prédécoupées ne pourront ensuite se placer correctement si les membrures ne sont pas bien à leur place).
Les lames de bois constituant la membrures sont enrobées de film plastique avant fixation provisoire. |
Des tasseaux relient les préceintes pour éviter la déformation de la coque. Les membrures sont fixées provisoirement. |
On commence par les membrures centrales avant de rejoindre les extrémités. Si les membrures centrales épousent bien la forme de la coque, ce n'est plus le cas dès que l'on s'éloigne un peu du maitre bau. Le tour étant assez important, on ne peut compter sur l'élasticité du bois pour épouser la forme de la coque. Pour combler l'espace entre la membrure et le bordé, j'ai utilisé la méthode suivante : les membrures sont posées en forme avec 9 plis de 3 mm. Une fois la colle prise, l'écart entre la membrure et le bordé est mesuré soigneusement tous les 10 cm. La membrure est dévissée, sortie du bateau et débarrassée du film alimentaire. De nouveaux plis sont collés aux endroits où se trouvait l'écart membrure-bordé. La membrure est ensuite rabotée sur ses 4 faces pour retrouver un tour constant.
Les demi-membrures du couple le plus proche du tableau, avant et après rabotage. Plusieurs plis supplémentaires sont collés au niveau du bouchain pour épouser la forme de la coque. |
La membrure est alors repositionnée dans le bateau et rivetée définitivement dans le bordé.
J'ai choisi d'utiliser des rivets pour leur côté esthétique. Le rivetage n'est finalement pas si compliqué, mais il faut être deux. Il faut faire attention à ne pas riveter à l'endroit où l'on posera la serre-bauquière.
La membrure rivetée |
Au total l'opération "membrures" est très longue. Avec l'expérience, je ne suis pas certain de réutiliser cette méthode. La technique des membrures ployées est certainement la plus rapide et n'est peut-être pas si compliquée qu'elle ne m'avait paru de prime abord. Mais les lattes étant aussi de plus faible échantillonnage, cela oblige à resserrer le maillage. Si l'on veut utiliser des membrures lamellées collées, je pense qu'il vaut mieux faire les membrures d'abord et les équerrer avant de poser le bordé. Mais cela restera une étape longue.
Pour éviter ça, François Vivier propose maintenant une version de l'Ilur où les membrures sont remplacées par des cloisons de contreplaqué formant membrures et varangues (voir ilur 2011 sur son site). C'est surement beaucoup plus rapide, mais le résultat s'en ressent esthétiquement. On s'éloigne un peu trop de la construction traditionnelle à mon goût.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire